C a t h e r i n e V e r l a g u e t , auteure | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Mon petit cœur imbécileAdapté par Catherine Verlaguet d’après le roman de Xavier-Laurent Petit et porté par un comédien et une danseuse hip hop, Mon petit coeur imbécile est une pièce d’amour qui raconte la course folle d’une mère pour continuer à faire battre le coeur de son enfant. Toudoum… Toudoum… Compter les battements de son coeur, compter les jours qui défilent, les heures aussi. Compter pour ne pas affoler ce petit coeur imbécile qui bat si mal. Toudoum… Akil a une maman, qui a deux jambes avec lesquelles elle court très vite. Akil a compté le temps de travail qu’il faudrait à ses parents pour lui payer l’opération qui guérirait son petit coeur ; soit 38 ans, 3 mois et 20 jours… Ça fait beaucoup. Alors Akil et sa mère Maswala, espèrent, s’accrochent au souffle de la vie, vivent au rythme des battements de ce petit coeur imbécile qui joue des tours, s’emballe, ralenti, accélère, jusqu’au jour où... Tu peux me lire cet article ? Maswala tend le journal à Akil. Magda Chepchumba aurait couru 42,195 kilomètres en 2 heures 41 minutes 23 secondes. Elle aurait gagné le marathon et avec ça, la somme de 1,5 millions de kels. Alors ça veut dire que des gens gagnent de l’argent en courant ? Un nouveau souffle d’espoir remplit le coeur de Maswala : la meilleure brebis est vendue sur le marché pour payer les frais d’inscription pour le marathon de Kamjuni. Rendez-vous le 28 octobre, à 6h, dossard 953. Jour 3 464 de la vie d’Akil, la télévision est allumée, le village rassemblé, le marathon lancé. Akil sent son coeur battre de chamade. Toudoum... Le dossard 953 créé la surprise, elle colle depuis le début la championne de l’année dernière. Tou toudoum... Maswala se fait dépasser. La télévision grésille. Toudoum... Le vent arrache l’antenne. Les battements du coeur d’Akil s’accélèrent. Tou... Une pointe dans la poitrine, plus rien. Son petit coeur s’est emballé. C’est terminé ? Mise en scène : Les tréteaux de France en 2024
Fabrique d'écritureD’emblée, j’ai eu envie de mettre en scène ce texte parce c’est une histoire qui me bouleverse. Dès la première lecture de ce roman de Xavier-Laurent Petit, j’ai été ému par cette mère au courage immense et par son enfant dont le jeune âge est assombri par une fragilité cardiaque. J’ai partagé cette histoire avec ma complice Catherine Verlaguet qui, par son écriture généreuse et par la tendresse qu’elle éprouve pour ses personnages, a contribué à faire rayonner davantage encore la puissance de ce duo. Emporté par leur force de résilience, par leur volonté de se battre, j’ai ressenti l’envie - voire l’urgence - de partager, en particulier avec les plus jeunes, cette histoire porteuse d’espoir et de force vitale. Dans mon parcours de créateur, voici un nouvel enfant confronté à une situation qui le dépasse. Et il choisit de lutter. Pour moi, c’est un fondement : rien ne nous oblige à rester à nos places. Face aux assignations, chacun peut prendre son destin en main et aspirer à une vie meilleure. Afin de porter ce message d’espoir au plus grand nombre, nous irons concrètement au-devant des spectateurs - ce qui est la mission même des Tréteaux de France - en jouant au sein d’un lieu présent partout en France : un gymnase. Nous inviterons le public le plus large possible à venir voir un spectacle dans un site inédit qui ne sera pas intimidant. Les enfants et adolescents fréquentent les gymnases : à nous de les surprendre en faisant appel à leur imaginaire, en métamorphosant par le récit ce lieu familier en un ailleurs lointain. Réenchanter un espace du quotidien, le détourner de ses usages, lui offrir une dimension poétique ou sensible. Oui, chacun pourra voir, dans l’affichage d’ordinaire dévolu aux scores, le compteur des jours vécus par Maswala. Le public sera littéralement installé au coeur du spectacle pour vivre une expérience artistique. Grâce à leur grande proximité, les interprètes créeront une complicité inédite avec les spectateurs qui se sentiront impliqués, emportés par l’énergie unique de la pièce... Unique car la mère de Maswala sera incarnée par une danseuse, et le hip hop sera son langage. Celui-ci transmettra son bouillonnement et son endurance ...de manière sensible. Il m’importe toujours autant de rendre le public actif, de le faire vibrer. En surgissant avant les mots, les mouvements ne seront pas dans l’illustration : la danse sera un vecteur supplémentaire pour que cette histoire, aussi puissante qu’universelle, touche les spectateurs au coeur. Le hip hop m’intéresse particulièrement à cet endroit-là, pour sa dimension sensorielle et parce que c’est une danse qui résiste aux assignations – comme les personnages de Mon petit coeur imbécile. C’est une culture d’aujourd’hui qui parle à la jeunesse d’aujourd’hui, un art populaire et en cela un art politique : littéralement inscrit « dans la cité ». Ce spectacle sera créé alors que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris accueilleront pour la première fois le breaking, issu de la culture hip hop, comme discipline officielle. Dans un contexte de compétition, de quête de performance, j’ai envie de partager le hip hop selon une approche sensible : mettre en avant l’émotion plutôt que l’exploit. Parallèlement à la glorification individuelle des champions, nous célèbrerons la force extraordinaire des héros anonymes, comme la mère de Maswala, qui ne se résignent pas et réalisent même l’impossible. La puissance de l’amour peut déplacer des montagnes. Et sauver un enfant. Olivier Letellier |