C a t h e r i n e   V e r l a g u e t , auteure



La mercerie

Comédie romantique pour 5 personnages

Quand Suzanne revient avec sa fille dans sa petite ville natale, elle se rend compte que la mercerie dans laquelle elle a grandit  et dans laquelle elle a vécu son premier et son plus grand amour, est a vendre. Elle entreprend alors de la racheter, contre le gré de sa fille qui préfèrerait une librairie. D’autant que les propriétaires actuels sont aussi étranges qu’attachants, ce qui ne rend pas la vente facile. Mais au fait, qui sont-ils vraiment ?



(Cette pièce n'est actuellement pas en tournée)

Fabrique d'écriture

LA MERCERIE est ma première comédie romantique. Je l’ai écrite dans ma vingtaine, pour des amis de l’école de théâtre.

J’avais envie de parler des chemins de la vie qui nous séparent parfois malheureusement et nous retrouvent, parfois, heureusement

Extrait

André est assis et tricote son écharpe.
Arrive Rodolphe avec deux cafés.

Rodolphe : Tu pourrais peut-être faire un pull maintenant ! Ou des chaussettes !
Elle est trop longue cette écharpe.
André : …
Rodolphe : Et puis tu devrais t’habiller. Ça veut dire quoi de rester en peignoir toute la journée ?
André : …
Rodolphe : Et ne fais pas semblant de ne pas entendre, tu n’es pas sourd comme un phoque, tu entends très bien et des deux oreilles, le médecin l’a dit.
André : ...
Un pot.
Rodolphe : … Tu veux un pot ?
André : Toujours eu ce fichu défaut !
Rodolphe (parlant un peu plus fort au cas ou son père n’entendrait effectivement pas) : Pour quoi faire tu veux un pot ?
André : Crie pas !
Pas la peine de me déchirer la feuille !
On dit un pot, c’est tout, sourd comme un pot ! Tu mélanges toujours tes mots. Parce qu’un phoque, c’est pas sourd ! C’est PD mais c’est pas sourd !
Rodolphe : C’est PD, les phoques ?
André : En tout cas c’est comme ça qu’on dit.
Rodolphe : C’est pour ça qu’ils sont en voie d’extinction ?
André (le regardant, atterre): ...
Rodolphe : Je croyais que c’était à cause de la chasse ! Tu sais, comme les baleines !
André : Tu le fais exprès ?
Rodolphe : Quoi ?
André : De disparition, on dit, en voie de disparition !
Rodolphe : ...
André : Comment tu fais pour écrire un livre nom de Dieu !
Rodolphe : J’essaye moi au moins !
André : Si je n’avais pas rencontré ta mère...
Rodolphe : ... Je sais, oui : tu aurais fait le tour du monde en écrivant des livres extraordinaires qui se seraient vendus à des millions d’exemplaires !
André : Exactement.
Rodolphe : Et si t’avais été Christophe Colomb, eh ben t’aurais raté la Chine !
André (toujours aussi atterré) : …
Rodolphe : T’as pas été foutu de dépasser la Normandie, qu’est ce que tu veux que je te dise !!!
Ça c’est sur que si on avait compté sur toi pour la découvrir, l’Amérique, elle serait encore aux indiens ! ! !
André (comme en a parte): Tais-toi, mais tais-toi, tu me fatigues ! ! ! Pourquoi est ce que je ne suis pas sourd crénons d’un chien ! ! !
Rodolphe : Apres la mort de maman tu aurais dû le faire, ton tour du monde, au lieu de revenir ici tenir cette fichue boutique...

André tricote.

André : Pff.
Rodolphe : Et aujourd’hui, hein ? Au lieu de tricoter, qu’est-ce qui t’empêche d’écrire aujourd’hui ?
André : Je ne t’entends pas !
Rodolphe : De toute façon, tu as toujours de très bonnes raisons.

Rodolphe sort.

André se remet à tricoter.