C a t h e r i n e   V e r l a g u e t , auteure



La nuit où le jour s'est levé

Co-écriture avec Magalie Mougel et Sylvain Levey

Théâtre de récit

LA NUIT OU LE JOUR S’EST LEVÉ, c’est l'histoire vraie de Suzanne qui, dans les 80, suite a un petit héritage et à un caillou lancé sur une carte, décide de partir au Brésil se perdre pour mieux se retrouver. Une nuit, alors qu’elle dort dans un couvent, elle assiste à la naissance de Tiago, bébé que sa mère est venue mettre au monde pour l’abandonner. Suite à un vrai coup de foudre entre elle et cet enfant, elle décide de l’adopter. LA NUIT OU LE JOUR S’EST LEVE raconte l’incroyable bataille, l’extraordinaire épopée que Suzanne a du mener pour pouvoir ramener son fils en France.

Mise en scène : Théâtre du Phare puis Tréteaux de France

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Fabrique d'écriture

Aujourd'hui, les héros ne portent plus d'armure. Ils n'ont plus de besoin de slip rouge et de cape magique pour accomplir leurs exploits. Ils ne se distinguent plus par leur force surnaturelle ou leur goût du sacrifice. Leur pouvoir n'est pas surhumain, mais il réside en leur engagement au quotidien. Ils font des petites choses qui changent des vies autour d'eux, ils n'étalent pas leur courage sur les écrans des télévisions. Ils vont au combat avec leurs idées, bouleversent les pensées et bousculent l'ordre du monde. Ils sont admirables sans vouloir être admirés.

Les actions de ces héros du quotidien sont concrètes, elles existent partout autour de nous. Souvent invisibles et silencieuses.
Nous avons eu envie de mettre en lumière ces prouesses insignifiantes, de transformer leurs batailles discrètes en récits émouvants et glorieux.

Extrait

(…)
Fermer les yeux.?
Tourner sur soi cinq fois de suite et lancer le caillou au hasard.?
Ce sera l’ouest. Toujours plus vers l’ouest.?
Marcher sans se poser de question, faire confiance au vent.?
La nuit a pris ses aises. Pas un réverbère.?Elle accélère le pas et finalement?
Après deux heures de marche, au détour d’un virage, en haut d’une colline : de la lumière. Comme dans un film, comme dans un conte, un couvent posé là au milieu du néant.
Devant la lourde porte en bois, la main de Suzanne frappe - trois coups
« C'est pourquoi ? »?
« Je m'appelle Suzanne. »?
« Comment êtes vous arrivé là? »
« Je ne sais pas »?
« Alors entrez. »
La lourde porte en bois grince et s'ouvre doucement
La Mère supérieure qui lui ouvre s’appelle Maria-Luz.?J - Elle lui donne à boire, à manger,?T - et la guide jusqu’à une chambre ou elle pourra passer la nuit.
GINO« Comment ça ? Suzanne ! J’hallucine grave ! Tu dors dans un couvent ? Mais 36 15 n'importe nawak! Comment est-ce que tu es arrivée là ? Quoi ? Et tu n’as pas de cartes ? Pas de plan ? C’est vraiment craignos Suzanne ! Tu vas faire quoi avec ces bonnes s?urs? A la télé, tu connais Ushuaia Nicolas Hulot il a dit que le crapaud buffle du brésil peut faire jusqu'à 40 cm ! Tu veux finir étouffée par un crapaud de 40 cm ? Non ! Personne ne veut finir étouffé par un crapaud de 40 cm ! Suzanne?
Suzanne ? »
Il fait chaud dans ce pays. Même la nuit. Même Dormir te donne chaud?T - Dormir ? Suzanne voudrait plutôt danser, ses jambes frétillent, ivres d'aventure et voudraient être libre
Dehors il fait nuit noire. Profiter de ce temps pour imaginer la suite du voyage
Elle tourne et retourne dans son lit beaucoup trop dur.
Elle écoute la symphonie de la nuit :
des pas feutrés, des murmures, des grincements - Puis?
le silence, comme au fond d'une grotte -?
le cri d'une femme au lointain.
Les portes qui brutalement s'ouvrent et se referment
Ce bruit là / cette porte là...?
Elle reconnaît?Le grincement de la lourde porte en bois.
Encore les cris de la femme, femme qui supplie, cette fois tout près, dans le cloitre du couvent.
Suzanne se lève, colle son oreille contre sa porte.
Dans le couloir, les pas se pressent,
les chuchotements deviennent paroles claires, puis ordre clamés à voix haute,?
Suzanne reconnaît la voix de Soeur Maria-Luz :
« Si cette femme vient là, c'est qu'elle a besoin d'aide. Préparez la salle. Je n’ai pas créé ce couvent il y a vingt ans pour laisser une femme à la porte sous prétexte qu'elle arrive au milieu de la nuit. »
Suzanne ouvre sa porte.
« Venez avec nous ! »
« Qu’est ce qui se passe ? »?
« Vous devez comprendre. Ce qui se passe ici est illégal selon la loi des hommes ; mais j’obéis, moi, à une autre loi »?
(…)