C a t h e r i n e   V e r l a g u e t , auteure



Je fais du vent dans tes cheveux

Poème d’un soir



Je fais du vent dans tes cheveux.
Je te respire…
Tu me délires irrationnel.

Chuuuuuuuut

Voudrait te prendre
Contre mon sein
Ta tête chaude
Respiration
Si régulière
Proche, collée
A ma poitrine
Mon ventre, pareil
Tout contre moi
Tu viens d’une autre
De là
T’en souviens-tu ?

Je fais du vent dans tes cheveux…

Rayon de nuit par la fenêtre
Couvre ton corps.
Fini les rêves ou les cauchemars :
Ton sommeil a
La profondeur d’un puits.
Pas un bruit…
Ce silence te va bien.
Suis ravie de ce temps pris, volé ou
Arrêté.

Un géant dort
De toute sa masse
De tout son long
De toute sa face
Une main sous l’oreiller.
Et je regarde
Frôle et sillonne
Je sens et hume…
En profite.

Et toujours ta respiration
Pulsation infatigable…

Oublié, nu
Sacré sommeil.
Ton corps se sculpte sous la lune à mes pupilles aux aguets
Un corps de volupté habile
Déshabillé
Tranquille…
Il y a de quoi
Pâmer.

Je suis argile à tes baisers
Je suis agile à malaxer
Mes nuits entières sont mouillées
De tes insomnies passagères
Souffle fièvre
Sur épiderme
Je me hérisse entre tes doigts
Et tu me cambres alambiquée
Corps de lumière qui transpire
Aspire langue, cuisses et lèvres
Et lente et longue, enfin te lève
Verge inassouvie, curieuse
Te promène ainsi sans cesse
En ces orifices maîtres
De ce plaisir qui me fait tienne
Qui me fait chienne

L’ivresse guette
Toute caresse
Toute tendresse
Des corps tendus, tenus, perdus
Et tout caprice
S’immisce
Sans cesse
Sous chaque fesse
Dans chaque souffle
Et sans dessus
Et sans dessous
Tu joues
Je joue
Et nous jouons…
A quoi ?
Tais-toi…
Juste
Un moment
Juste
Un instant
Où je te touche
Où tu me touches
Et où nos bouches
Se cherches
S’étouffent
S’engouffrent
S’essoufflent
Et se repoussent…

Et de soupir en asphyxie
D’envie de plaisir bout à bout
Le souffle court
A bout de voix
Tu me succombes
Encombre et comble…
Regarde moi
Que je te vois.
Qu’au bout de moi
Ton corps soit là.
Prends moi
Je m’offre
Et donnes toi.

Il n’y a pas d’autre voie
Que celle exquise
Que tu esquisses
Et où, en un
Si doux sévices
Nos corps si lisses
Glissent enfin,
Délicieusement
Ainsi s’enlisent
Dans le silence des chuchot’ments
Gémissements
Acharnements
De petits cris
En hurlements…

Expire, exulte, crache et joui
Je te reçois en mes entrailles
Celles qui te donneront un jour
De tout l’amour de nos deux êtres
Un bout de ce que nous serons
Si le temps nous est propice
Et que le vice nous reste bon.

Dors bien mon âme et sois heureux.
Tu fais de moi une femme heureuse.
Tu me fais jouir et ouïr
Ce que la vie est belle
Corps de matière
Corps de poussière
Tu me fais ouïr le JE

C’est à toi qu’appartient mon être
Au siècle des siècles
Amènes moi à tes côtés.