C a t h e r i n e   V e r l a g u e t , auteure



Oh Boy !

Adapté du roman de Marie-Aude Murail par Catherine Verlaguet

avec la participation active et enjouée d’Olivier Letellier et de Lionel Erdogan

Théâtre de récit et d’objets

pour un comédien.

Texte non publié.

« Oh, boy » ou comment aborder les sujets les plus graves avec humour… 
Barthélémy Morlevent, 26 ans, adulte puéril et irresponsable, tombe des nues quand il hérite d’une fratrie qu’il ne se connaissait pas. Siméon, Morgane et Venise Morlevent, 14, 11 et 5 ans, nouvellement orphelins, débarquent chez lui tous les week-end. Trois gosses, comment est ce que ça marche ?
De coup de flip en traits d’humours, de coups durs en pirouettes, Bart va se rendre compte qu’être adulte, ce n’est pas forcément correspondre à quelque chose de particulier, mais simplement apprendre à être là, à se construire la vie qu’on se décide.



Mise en scène : Théâtre du Phare puis Tréteaux de France

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Fabrique d'écriture

Comment grandir dans l’absence de ses parents ?
Quand on perd un parent, qu’il meure ou qu’il s’en aille, on se sent abandonné.  Seul, l’enfant  est confronté à des douleurs d'adultes et doit prendre en charge tout ce que l’adulte ne prend plus en charge pour lui. Il doit avancer, se construire, trouver ailleurs ses repères/modèles familiaux et faire ses choix de vie. 
Dans cette construction à l'aveuglette, l’humour est une arme redoutable : elle permet de cacher au monde – et à soi-même – la douleur. Cette arme, c’est celle de Bart. Le silence permet le deuil, et la reconstruction. C’est le choix de Siméon.
Bart ayant jusque là fuit la douleur d'avoir été abandonné par son père, va réparer ses blessures d’enfance en affrontant la réalité de ses frère et sœurs, faisant pour ou avec eux, des choix. « OH, BOY », une histoire contemporaine qui raconte le parcours initiatique de Barthélémy,  jeune homme encore enfant. Il nous raconte l’histoire de sa fratrie avec humour et légèreté, comme une proposition de point de vu sur comment prendre la vie.

 

Extrait

Vas-y bonhomme, bats-toi ! T’es maigre comme une allumette mais t’es super fort. Dans ta tête, t’es super fort. Alors tu te concentres, ok ? Tu prends sur toi et tu respires. Il faut être patient il a dit le docteur ! Le traitement, il lui faut du temps, tu comprends ? T’as pas le droit de baisser les bras. T’es pas tout seul. Même si c’est toi qui fait le plus dur, t’es pas tout seul.
Et puis tu peux pas débarquer dans ma vie comme ça, foutre le bordel et me laisser tomber ? Tu peux pas m’offrir des sœurs, une famille, et tout me reprendre, juste quand je suis prêt.

Voilà. C’est à ce moment-là que j’ai compris que mon histoire avait commencé. Que j’étais dedans jusqu’au cou et que rien ne serait plus jamais comme avant ! Mais pour que vous compreniez mon histoire, il faut que je vous la raconte depuis le début.

C’est difficile de savoir quand ça commence, une histoire. Parce que souvent, quand ca commence, on sait pas que c’est le début ! On se dit que c’est un jour comme les autres, et hop ! on est dedans jusqu’au cou.
Mais pour bien raconter son histoire,  faut bien choisir un début !? Seulement, le début, ça commence quand ? Bon. J’recommence au début. Comme ça, vous m’suivrez.
Mon histoire, elle a commencé sans moi. Au début.

Au dernier étage de l’orphelinat de la rue de Belleville,  trois enfants viennent d’arriver. Siméon Morlevent 14 ans, moche, mais surdoué ; Morgane Morlevent, 8 ans, moche, mais surdouée ; Venise Morlevent, 5 ans, adorable ! Avec des cheveux d’or chaud et des yeux bleus star ! Le genre de poupée que tout le monde a envie d’avoir.
Ils sont assis en tailleur dans une toute petite chambre. Ils chuchotent. Ils font un jurement : le jurement de ne jamais être séparés. « Les Morlevent ou la mort ! »

Ça fait deux jours qu’il sont arrivés à l’orphelinat. « Un orphelinat, ben c’est comme un hôtel pour des enfants qui ont pas de parents ». Leur père les a abandonnés quand ils étaient petits et leur mère vient juste de se décéder ! « Oui ben d’accord qu’elle est morte maman, mais faudra quand même qu’elle m’emmène à la danse lundi parce que la dame, elle aime pas quand on manque. »

Pour le moment, leur plus gros problème, c’est qu’aucune famille d’accueil ne voudra de trois enfants, d’un coup. Et, Venise est tellement jolie… Sûr qu’elle trouvera une famille, elle, et qu’ils seront séparés.
Le mieux, se s’rait qu’ils aient d’la vraie famille, des gens qui portent le même nom qu’eux et qui seraient obligés de les adopter.
Siméon, le grand frère, a fait des recherches. « Bon alors les filles, je nous ai trouvé un frère et une sœur. Josiane Morlevent, 34 ans, ophtalmologue, mariée, sans enfant, vivant dans les beaux quartiers. Mais elle  c’est pas une vraie Morlevent : Papa l’a juste reconnue quand elle était petite. Oui voilà Venise : il l’a adoptée. Et puis, il y a Barthélémy Morlevent, 26 ans.  Mais non Venise : pas Barthélémy comme le roi mage ! Barthélémy comme notre frère. Lui, c’est un vrai Morlevent. Lui c’est… » C’est moi !

C’est à ce moment-là que leur histoire a rencontré mon histoire et que c’est devenu le début de notre histoire. C’est là que tout a commencé ! Enfin je crois.